Depuis le 1er janvier 2022, tous les élevages de monogastriques (c’est-à-dire porcs et volailles, par opposition aux ruminants qui ont plusieurs poches gastriques) doivent nommer un.e « référent.e bien-être animal ». Le ministère de l’Agriculture explique en ligne que « le bien-être animal est une préoccupation majeure de nos concitoyens et le respect des bonnes pratiques au sein des élevages doit être exemplaire. Afin que chaque personne intervenant dans un élevage soit sensibilisée au respect des animaux, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a engagé en 2020 une réflexion sur la désignation d’une personne référente en bien-être animal. (…) ». Concrètement, cela se traduit par une obligation réglementaire de formation d’une durée de 9h (dont 7 consacrées au bien-être animal) d’ici juin 2023.
Nous souhaitons réagir à cette nouvelle obligation de nommer un.e référent.e bien-être animal sur nos fermes. Nous avons été très en colère d’apprendre cette nouvelle qui fait suite à une obligation de l’Etat de claustrer nos poules pendant 8 à 9 mois de l’année (nous vous en parlions ici) ! L’Etat qui nous pousse à abattre des poules saines quand une analyse salmonelle sur la litière revient positive (cf. la vidéo d’explication du réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes ici). Les services sanitaires de l’Etat qui conseillent à des collègues de fermer les bouches d’aération des poulaillers, d’assoiffer et d’affamer leurs volailles jusqu’à ce que mort s’ensuive quand il y a de la grippe aviaire…
Nous sommes en colère qu’une fois encore notre crédit formation soit réduit par une formation obligatoire. En colère surtout parce qu’en tant qu’éleveur.se nous n’avons pas attendu cette obligation pour nous préoccuper du bien-être de nos animaux. Nous ne supportons plus cette infantilisation des services de l’Etat. Comme si cette question ne nous avait pas traversés jusque-là ! Nous paysan.ne.s sommes des gens sensibles, en lien très fort avec nos bêtes et nous savons réfléchir aussi. Nous savons observer, penser, déduire, nous transmettre les informations et nous sommes en lien quotidien avec nos bêtes que nous faisons parfois naître, que nous soignons, avec qui nous conversons.
Nous nous demandons dans quelle mesure nous avons besoin d’une formation pour ça même si nous avons sûrement des choses à apprendre encore et que ça nous intéresse quoi qu’il en soit. En tout cas, nous refusons qu’on nous l’impose ! Nous refusons de nommer un.e référent.e sur notre ferme où nous sommes 4 à nous occuper alternativement de nos poules et à nous sentir concerné.e.s bien sûr par la question.
Nous nous demandons quel est l’objectif de l’Etat dans cette histoire ? Nous faire porter le chapeau ? Dans quel cas ? Noyer le poisson quand les services sanitaires finissent par être plus que maltraitants avec nos animaux ?
Prenons un peu de distance pour réfléchir à cette nouvelle obligation, pour comprendre si elle est juste ou pas avant d’accepter encore une fois de plier.